- Le 23 août 1935 fait date dans l’histoire du Western.
C’est le jour de la sortie de Hop-a-long Cassidy, le premier film d’une série de 66 épisodes qui fera
accourir le monde entier avec juste raison.
C’est la Paramount qui finance ce chef d’œuvre et Harry Sherman qui le produit en investissant des moyens importants dans un Western que l’on aurait pu qualifier de B si s’il avait été produit par une petite compagnie de production indépendante comme il y en avait tant dans les thirties.
L’origine de cette série revient à Harry « Pop » Sherman qui a su convaincre la Paramount de lancer ce personnage de l’ouest américain.
La Paramount achète les droits du roman écrit par Clarence E. Mulford et une scénariste, Doris Schroeder, est engagée pour en faire une adaptation qui figurera probablement comme la meilleure de la série.
Elle signera les six prochains Hoppy puis fera l’erreur d’abandonner la Paramount pour signer quelques scénarios ou adaptations de moindre qualité. Néanmoins, elle reviendra en 1947 pour Hoppy avec Fool’s Gold. Pour ce premier Hoppy, c’est Harrison Jacobs qui s’occupe des dialogues.
Howard Bretherton est un vieux de la vieille de la série B qui a tourné une centaine de films, souvent d’action et près de la moitié de son œuvre seront des Westerns B d’excellentes factures.
Il a commencé en tant que director au début des années 20 avec un excellent Rintintin, mais c’est à partir de 1935, avec Hop-a-long Cassidy, qu’il va se spécialiser dans le Western B.
Il fera tourné Reb Russell, Whip Wilson, Jimmy Wakely, Rod Cameron à ses débuts, Johnny Mack Brown, Allan Rocky Lane, Don Red Barry, Bill Elliott, Bob Steele, Tim McCoy, Buck Jones, Charles Starrett, Richard Arlen, mais c’est avant tout avec William Boyd qu’il va tourner le plus, vient ensuite Bill Elliott.
William Boyd qui était déjà un grand acteur dans les années 20 et avait tourné entre autre sous l’autorité du grand Cecil B. de Mille a la chance d’être choisi pour incarner Hoppy alors qu’au départ c’était James Gleason qui devait obtenir le rôle.
Ce western flamboyant raconte l’histoire de deux ranchmen qui s’accusent mutuellement de vols de bétails alors que l’auteur des faits n’est autre que l’un des contremaîtres.
William Boyd, aidé de son copain James Ellison vont faire la lumière sur cette ténébreuse affaire.
Ce type d’histoire a été évoqué des centaines de fois dans les Novels, mais selon les talents de ses auteurs, cette trame fonctionne toujours.
Wayne Overholser en a peut-être été un de ses spécialistes et en a certainement été le plus brillant. Nous citerons également Paul Evan Lehman, grand spécialiste également des histoires dont la toile de fond reste la plupart du temps la vie au ranch.
En ce qui concerne notre film c’est Clarence E. Mulford qui écrit le livre dont Harry Sherman a acheté les droits.
L’intérêt dans le traitement de ce roman, c’est la force et la présence cocasse des personnages qui aident continuellement le héros.
Tout de noir vêtu, monté sur un superbe cheval blanc orné de brides à conchas, il a une allure extraordinaire et unique à la fois. Au premier coup d’œil, sur une photo, une affiche ou dans ses films, on reconnait la silhouette caractéristique de William Hoppy Boyd qui de plus, malgré son jeune âge, a les cheveux gris. Il dispose d’un beau visage aux yeux clairs et reste un cowboy justicier très calme, réfléchi, contrairement aux héros de la selle des westerns B qui sont nerveux, bouillant et impulsifs, mais nous ne nous en plaindrons pas. Chacun a son style, et Hoppy a le sien.
Johnny, le sidekick de Hoppy, c’est James Ellison, un excellent acteur qui travaillait pour la Warner Bros avant de venir incarner ce savoureux personnage aux côtés de William Boyd.
Le tandem tournera huit fois pour la série puis sera soudoyé par Cecil B DeMille qui l’invite à incarner Buffalo Bill dans Une aventure de Buffalo Bill. Hélas, la coopération entre l’acteur et le célèbre réalisateur s’avère odieuse et DeMille s’attachera à tenter de briser la carrière de James qui, pourtant continuera de tourner dans divers films.
IL tournera le dos au western jusque dans les années 50 où il interprétera Shamrock aux côtés de Russell Hayden (son remplaçant dans le rôle de Johnny de la série des Hoppy !) pour 11 films.
Dans ce premier Hoppy, nous retrouvons pour notre plus grand plaisir, George ‘Gabby’ Hayes dans le rôle de oncle Ben, toujours aussi savoureux et drôle.
Toutefois, il ne finira pas le film, tué dans le dos par le contremaitre.
Cette scène est sans aucun doute la plus belle de tout le film. Agonisant, George appelle Hoppy à son secours. Hélas, celui-ci arrivera trop. Il retrouvera son corps dans le désert, près de rochers magnifiques (tourné dans les Alabama Hills). Fortement ébranlé, Hoppy l’étreint dans ses bras tout en regardant derrière l’horizon. Scène intense et émouvante tournée avec une grande sensibilité par M. Howard Bretherton.
Nous rencontrons des seconds rôles qui sont tous pris en considération. Chacun a sa place et a son intérêt. Le travail du scénariste se montre d’une force extraordinaire. Ainsi, Charles Middleton, grand méchant du cinéma (on se souviendra à jamais de sa prestation de Mystery Ranch avec George O’Brien) interprète le ranchman qui a la chance d’avoir sous ses ordres Hoppy.
Sa présence apporte beaucoup au film, nous croyons vraiment à son personnage, tout comme le ranchman opposé : Robert Warwick.
Parmi les bandits, vous reconnaitrez Ted Adams à peine reconnaissable tant son costume a été finement étudié avant qu’il ne l’endosse. Dans le rôle effacé du Doc, nous identifions un grand westerner du muet Franklyn Farnum et John Merton non crédité au générique.
Les cascades, nombreuses et souvent dangereuses sont assurés par un autre grand westerner du muet, Cliff Lyons, qui n’a pas survécu au parlant en tant qu’acteur, mais qui est devenu rapidement au début des thirties un des plus grands cascadeurs d’Hollywood avec Yakima Canutt. Il a beaucoup collaboré avec John Ford.
Hop-a-long Cassidy est un des meilleurs Westerns des années trente et préfigure la meilleure série jamais réalisée par Hollywood.
Je reste bouche bée Didier SUPER.
L'avis de Lou, le 20 septembre 2016
Revu ce film ce soir, quelle déception ! Je dois faire une overdose de Hoppy, je commence à le trouver pédant et du coup son personnage devient pénible. On ne compte d'ailleurs pas le nombre d'épisodes où Hoppy se montre manipulateur et moralisateur.
Johnny Nelson alias Ellison est ici une tête à claques très grande gueule. Il se permet de molester une jeune femme que le contremaitre de son ranch vient défendre. Qui se mêle de cette histoire sans raison ? Je vous le donne en mille, notre brave Hoppy ! OK par la suite on découvrira que le contremaitre est en fait un bandit, mais à ce stade du film rien n'indique que cet homme est malhonnête et donc on ne comprend pas très bien l'intervention de notre héros qui se montre de plus assez brutal avec sa monture.
Par la suite Johnny se permettra de frapper Hoppy qui retiendra son bras afin de ne pas saisir son revolver. On croit comprendre que Hoppy se reconnait dans le jeune whippersnapper qui lui fait face. Toutefois Nelson aurait mérité une bonne dérouillée dans cette histoire.
Je retiens surtout les performances de Frank McGlynn Jr. qui mourra peu de temps plus tard à l'âge de 34 ans et de Robert Warwick, toujours maitre de la situation !
Franchement je me suis demandé ce soir ce qui avait pu motiver une suite des aventures de Hoppy après cette première aventure. Heureusement la série comporte en effet de très bons épisodes mais ce premier opus n'est pas le fleuron de la série à mes yeux, loin s'en faut !