Preston Foster, John Ireland, Reed Hadley, Barbara Britton, Tom Tyler
81 minutes
J'ai tué Jesse James
Dans les années 1880, le gang de Jesse James est recherché pour vol de banques et attaques de train. Alors que Jesse tient sous la menace de son fusil un banquier, ses complices dévalisent le coffre. Le banquier avance le pied et réussit à actionner la sonnerie d'alarme. Les bandits s'enfuient non sans perdre l'argent dérobé. Robert Ford (Ireland) est blessé durant l'échappée et Jesse James (Hadley) le soigne en route avant de revenir à St Joseph dans le Missouri où il habite sous le nom de Tom Howard avec sa femme et ses enfants. Zee, la femme de Jesse n'aime pas les frères Ford mais Jesse est fier de penser qu'il connait ses hommes. Bob Ford apprend que la femme qu'il aime, Cynthy (Britton) se produit justement à St Joseph et va la retrouver. Très amoureuse, elle le dissuade de continuer cette vie de bandit et le supplie de devenir fermier. Bob décide alors de faire un dernier coup puis de quitter la bande de Jesse. Il sait qu'il devrait purger au bas mot 20 ans de prison en cas d'arrestation et cela le perturbe. Mais entre temps une annonce de pardon accordée à quiconque permettra d'arrêter Jesse James, mort ou vif est publiée. Bob décide alors de tuer Jesse car il voit là un moyen de recommencer sa vie avec Cynthy en achetant du terrain avec la récompense promise, 10'000 $.
Il trouve enfin l'occasion de l'abattre froidement le 03 avril 1882 après le repas, alors que Jesse se lève de table pour redresser un tableau après avoir enlevé sa veste et ses armes car il fait très chaud, en lui tirant une balle dans le dos.
Rien ne se passe comme prévu. Bob est arrêté, puis relâché. Les journaux le traitent de lâche, les gens parlent dans son dos et pire encore, la récompense n'est plus que de 500 $. Malgré tout Bob décide d'acheter une bague pour Cynthy mais celle-ci ne comprend pas son geste et le regarde avec horreur. Bob tente de lui expliquer son amour et ne regrette rien. Les choses se compliquent lorsqu'un étranger nommé Kelley (Foster) fait son apparition et tombe amoureux de Cynthy. Pour lui éviter de se faire abattre par Bob jaloux, Cynthy le convainc de quitter la ville rapidement. Plus tard, dans un bar un ménestrel chante un chant racontant l’assassinat de Jesse James pour remercier Bob de lui avoir payé un verre. Celui-ci commence à comprendre que son acte va le poursuivre encore longtemps. Dans la rue un jeune qui souhaite se faire un nom essaie de l'abattre sans succès.
De l'argent est découvert au Colorado et c'est la ruée à l'Ouest. Toujours décidé à épouser Cynthy qui ne sait plus trop où elle en est, Bob se rend dans le Colorado afin d'y faire fortune. A l'hôtel il partage une chambre avec Kelley venu lui aussi tenter sa chance. Bob s'associe avec Soapy qui vient de trouver une veine importante et fait fortune...
De l'argent est découvert au Colorado et c'est la ruée à l'Ouest. Toujours décidé à épouser Cynthy qui ne sait plus trop où elle en est, Bob se rend dans le Colorado afin d'y faire fortune. A l'hôtel il partage une chambre avec Kelley venu lui aussi tenter sa chance. Bob s'associe avec Soapy qui vient de trouver une veine importante et fait fortune...
Le scénario, écrit par Samuel Fuller Fuller lui-même d'après un article écrit par Homer Croy dans le magazine American Weekly, prend des libertés avec la réalité historique et nous donne un aperçu de ce qu'a, ou aurait pu être la vie de Bob Ford. Combien de films ont été tourné sur la vie de Jesse James ? de nombreux, le premier qui me vient en tête c'est celui avec Tyrone Power et Henry Fonda, Jesse James tourné 10 ans plus tôt par Henry King dans lequel John Carradine jouait Bob Ford. Rien à voir avec ce film qui joue sur les aspects psychologiques en nous plongeant dans la réflexion grâce à la profondeur développée par chaque protagoniste qui nous pousse à comprendre que d'être un coward n'est peut-être pas aussi simple que l'on pense. (Un remake de ce film tourné en 2007 : The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford d'Andrew Dominik)
Dès le début on plonge directement dans le vif du sujet, Bob Ford abat assez rapidement Jesse James malgré la franche amitié ou camaraderie qui lie les deux hommes. Là on ne peut que se dire que Bob est vraiment un rat. Très vite on comprend que Bob n'a perçu qu'un aspect de son acte, celui qui lui ouvrait les portes de l'avenir dans les bras de Cynthy. Rien d'autre n'a d'importance. Lentement Bob s'enfonce dans la réalité qui le rattrape et ne lui laisse aucun répit. On en arrive à presque le prendre en pitié malgré tout, je dis "presque" parce que finalement il reste aveuglé par son amour exclusif pour Cynthy qui reste le but essentiel de sa vie à tel point qu'il ne voit pas qu'elle est paralysée par la peur et qu'elle ne sait comment lui dire qu'elle ne veut pas l'épouser (d'ailleurs entre temps elle a compris qu'elle aimait Kelley). On se demande même si l'amour éprouvé par Bob ne lui a pas carrément fait perdre la tête et un certain sens de la réalité, d'un côté il se montre presque normal et avec une certaine sérénité, de l'autre il se montre sans scrupule et presque malade dans sa focalisation pour obtenir l'amour de Cynthy. Car il ne faut pas oublier que c'est bien la seule chose qui lui reste après son crime, cet amour qui n'est plus partagé et qui fait perdre tout son sens au geste. Cynthy comprend que cet amour est taché à jamais, mais Bob ne le voit pas ainsi. Le seul moyen de ne pas sombrer est donc de s'accrocher à cet amour comme à une bouée de sauvetage et c'est là que ça devient intéressant.
C'est une terrible histoire car dans le fond tous les actes semblent motivés par une sorte d'amour (plutôt possessif et pas inconditionnel). Jesse garde les frères Ford chez lui par amour, Bob tue Jesse pour l'amour de Cynthy, Cynthy essaie de protéger Kelley par amour, Kelley quitte la ville par amour pour Cynthy, Frank (Tyler) veut venger son frère par amour ... Frank James comprend d'ailleurs très bien que le seul moyen de réellement venger son frère c'est de révéler à Bob que Cynthy ne l'aime pas servant ainsi de catalyseur dans le dénouement final.
Eh oui, on l'aura compris, ce film valide le fait que chaque acte a une répercussion sur le prix à payer, si l'amour est certes essentiel et louable, un "grand amour" seul sans le respect, sans un certain sens de l'honneur, sans une dimension supérieure est dans le cas qui nous est présenté ici comme un pétard mouillé : on en attend beaucoup mais le résultat est bien navrant.
Tous les acteurs de ce film ( le premier de Samuel Fuller en tant que réalisateur) sont magnifiques et le film jouit d'un souffle excellent : Jessie James incarné par l'excellent Reed Hadley, classe, humain et magnifique (la scène d'ouverture est d'ailleurs géniale, avec ce face à face entre Jesse et le banquier qui sue en soutenant son regard tout en déplaçant son pied millimètre par millimètre pour atteindre le bouton déclencheur de l'alarme), Barbara Britton superbe, aimante, puis en pleine incompréhension, puis apeurée, John Ireland bien sûr, qu'on aimerait presque voir se sortir d'affaire mais qui s'enfonce dans la seule chose qui compte pour lui, Preston Foster, dans le rôle de l'homme sage qui se débrouille en toute circonstance, et bien sûr Tom Tyler (amaigri par sa maladie) dans le rôle de Frank qui n'apparait que vers la 74 minutes et qui déclenchera le dénouement final. Jusqu'au bout Kelley/Foster, qui semble presque éprouver de l'affection pour Bob/Ireland va essayer de faire entendre raison à Bob, mais peine perdue, Bob, prétentieux, pense être le seul capable d'aimer autant et ne peut croire que Kelley est capable de tuer par amour. Grave erreur !
La scène du face à face entre le ménestrel et Bob vaut son pesant d'or, de même la scène où Bob pense gagner sa vie en faisant carrière au théâtre à rejouer le crime qui l'a rendu célèbre ou la scène du jeune sans foi ni loi qui essaie de se faire un nom en abattant Bob. Du beau cinéma qui provoque de la réflexion même si la réalité historique est peut-être arrangée. Les images noir et blanc sont magnifiques
On peut voir ce film dans un coffret intitulé "The First Films of Samuel Fuller".
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