Hopalong Cassidy Returns - Nate Watt - 1936
- Sixième aventures d’Hoppy
Lorsque le générique de ‘Hopalong Cassidy Returns’
défile, on note l’absence de l’excellent James Ellison, remplacé par William
Janney, et de Doris Schroeder qui a signé jusqu’ici tous les scénarios ou
adaptations des romans de C. E. Mulford.
C’est Harrison Jacobs qui est
à l’écriture dorénavant. Le point crucial, c’est Nate Watt, tout nouveau
réalisateur à la Paramount qui a pris la place d’Howard Bretherton. Tous ces
changements m’ont rudement inquiété.
… et bien, il faut avouer que
Nate Watt a accompli un excellent travail. Ces plans, peut-être moins bien
cadrés que ceux de Bretherton, restent néanmoins d’un haut niveau. Des idées
ingénieuses fourmillent de la part du jeunot !
Vous verrez comment Hoppy
affronte Morris Ankrum, caché derrière une fenêtre d’un étage, s’apprête à le
tuer au 45.
Nate Watt filme le shooting
en extérieur, en plan d’ensemble, certainement avec une grue car Hoppy se
trouve de dos sur le toit. Il tire par la fenêtre où l’on aperçoit Ankrum qui
tire également sur Hoppy. En fait, tout l’écran est noir et la seule lumière
que l’on voit est l’intérieur de la pièce, un rectangle en hauteur découpé par
la fenêtre, où l’on voit Ankrum tirant à nouveau sur Hoppy. Un autre plan
d’ensemble vaut également tout le film. Dans le saloon, un gunfight entre
Hoppy et Ankrum est à nouveau filmé, caméra braquée sur un miroir et en
hauteur.
Ce qui frappe aussi dans ce
Hoppy, c’est un point qui manquait dans les Bretherton : la violence, la
réalité de la violence. Chez Bretherton, les gars se touchaient le cœur de la
main gauche avant de tomber comme des sacs de son. Ici, c’est bougrement
différent. La scène la plus hallucinante pour cette série familiale est celle
ou Nate prend une sacré liberté…
En effet, le badman
Morris Ankrum, ahurissant de méchanceté, attrape au lasso le vieil imprimeur
par derrière alors qu’il se trouve sur sa chaise de paraplégique, scène filmée
en plan d’ensemble. Plan rapproché du vieux qui s’aperçoit de la présence de la
corde tout autour de la poitrine. Il commence à appeler sa fille qui se trouve
dans la maison, lui-même s’apprêtait à franchir la porte du jardin donnant sur
l’habitation.
Retour au plan d’ensemble.
Ankrum fait demi-tour avec son cheval, tirant le vieux saucissonné à sa chaise
roulante qui hurle de terreur.
Plan d’ensemble de la fille
sortant de la maison. Elle se met à hurler de terreur en voyant son
pauvre père disparaitre dans un nuage de poussière.
Cut-Plan d’ensemble d’Ankrum
qui arrive en ville sur son cheval, tirant toujours le pauvre homme sur sa
chaise à l’aide du lasso. Au moment où l’on ne se s’y attendait pas, ce dernier
télescope une charrette arrêtée le long du trottoir ! HORRIBLE !
De tous les Westerns B que
j’ai pu voir des thirties, environ 700, je n’ai jamais une scène aussi
affreuse.
Pour en revenir à l’histoire,
elle est totalement classique mais s’avère convaincante come vous l’avez déjà
deviné. Un vieux prospecteur arrive en ville pour enregistrer un gisement car
il vient de trouver de l’or. Mais avant tout, il a soif et va s’offrir un verre
au saloon. Il n’aurait pas dû. Il rencontre une belle (Evelyn Brent) qui
lui soutire des renseignements dont le plan du gisement. L’Old Timer n’ira pas
loin.
Le directeur de l’imprimerie
locale est désemparé de la disparition du vieux et de toute la clique dirigée
par le tenancier du saloon qui a sous sa botte un tueur de la pire espèce,
alcoolique de surcroit (un Morris Ankrum extraordinaire).
L’imprimeur qui est assisté
de Windy (George Gabby Hayes) fait appel à Hoppy pour lui confier la tin star.
Le ménage ne va pas tarder à commencer.
Un Western Law and Order de première
classe. Hoppy a abandonné le bar 20 et son ami Johnny remplacé par un freluquet
qui va se retrouver ailleurs que dans la série, heureusement. Le personnage de
la femme du saloon interprété par Evelyn Brent est remarquable dans son jeu de
femme hors-la-loi tombant amoureuse d’Hoppy qu’elle va devoir
pourtant abattre avec son derringer. Mais les choses ne se passeront pas de
cette façon et elle mourra dans les bras de Hoppy. Bravo au scénariste Harrison
Jacobs d’avoir aussi bien repris son personnage du livre de Mulford.
Du pur Western adulte. On croise les doigts pour que Nate Watt poursuive sa
carrière avec autant de brio. Malheureusement, son second Hoppy sera d’un cran
nettement en dessous
- (Voir la critique de Jica suivie de mon modeste commentaire)
Une stagecoach à l'heure de Didier |
ouh, ça a l'air terriblement violent ...
RépondreSupprimerEn effet un western de facture assez classique par le scénario. Ce qui l'est moins c'est la violence déjà mentionnée et surtout l'émotion qui se dégage nettement de ce film. La scène de la chaise roulante mentionnée ci-dessus est presque incroyable mais la terreur et le chagrin de Mary, la fille de l'éditeur (Magnifique Gail Sheridan, sont rendues de façon terriblement réaliste, suivie de l'émotion de Windy et d'Hoppy, la larme à l'oeil (J'en ai versé une au passage sous le choc).
RépondreSupprimerEvelyn Brent est une grande dame du cinéma muet qui a transité sans problème au parlant.
Ankrum m'a toujours fait un peu peur, mais la il se surpasse dans une espèce de violence nonchalante dangereusement inquiétante.
Et comme le dit si bien Didier, heureusement que le petit frère d'Hoppy, Buddy, ne va pas perdurer dans la série d'aventures de son illustre grand frère !